C’est le jour d’après. Après le black-out et le chaos. Le jour où la vie reprend ses droits.
L’effondrement a eu lieu; et du passé, plus rien n’existe.
Mais l’espoir n’a pas disparu avec la nuit. Le soleil se lève sur une planète engourdie, et pour les vivants tout est à réinventer.
Sortis du sable brûlant de Jéricoacoara comme des décombres fumantes des tours de Fortaleza, ils revinrent immortels et glorieux. On les croyaient éteints, oubliés, vaincus, écrasés par le conformisme et la banalité, mais c’était sans compter sur la force de résilience qui brûle en chacun. Écoutez leur cri muet : « N’oubliez pas la part de Dieu en vous ! » Cette part d’éternel, de soleil, d’étoile et de boue, qui triomphe de tous les naufrages. Ce scénario post-apocalyptique est le décor de tous les imaginaires possibles. Quel avenir pour ceux qui restent ? Quelle utopie à inventer ?
La fin de ce monde a donné naissance à quinze tribus imaginaires. Des femmes et des hommes magiques nés de paysages qui le sont tout autant. Venus de tout le pays et de tous les milieux avec pour seul bagage l’héritage de leurs racines et pour uniques atours les vestiges de nos sociétés disparues et ce que la nature a encore à offrir, ces sur-vivants portent la liberté en étendard. Émancipés de tous les carcans d’antan, ils ont le pouvoir de réenchanter jusqu’aux vestiges de l’ancien monde. Car en filigrane de leur identités imaginaires, ce que livrent ces héros contemporains, c’est une ode au monde vivant, à l’implacable beauté de la nature et des hommes, et à leur force de résilience, déjouant tous les pronostics de fin du monde. Les voici liés par un « ici et maintenant », écrivant ensemble une nouvelle mythologie en marche dont seul le Brésil a le pouvoir. À leur rencontre, Denis Rouvre raconte dans une grande saga, cette terre bouillonnante qui n’a de cesse de se réinventer.
Niché au nord-est du Brésil, Jéricoacoara est devenu le berceau d’une nouvelle humanité. Cet eden préservé offre le décor idyllique d’une nouvelle forme de vie émergée des cendres. Nées de ses lagons, de ses dunes froissées par le vent, de ses grottes creusées par les vagues, et de la végétation sèche de la restinga du Ceará, ces tribus font corps avec leur environnement. Sous ce nouveau soleil, le sable leur colle à la peau et la végétation, écorces de mangrove et feuilles de palmiers se transforment en parures. À eux se mêlent les déchets rejetés pas le ressac de la mer, ici un filet de pêche, là une carcasse de tortue, là encore le vestige d’un gilet de sauvetage ou d’un pare-chocs… derniers indices d’un monde disparu. Ses femmes et ses hommes, Jéricoacoara les a choisi. Comme les heureux élus d’un avenir possible. Des esprits libres, des surfeurs et utopistes qui ont fait de la nature préservée du parc national leur terre promise. Jamais aucun vivant n’a aussi bien porté ce nom, transformant en force les chances qui sont les leurs pour écrire la genèse d’un nouveau monde, un monde à la liberté aussi belle qu’étourdissante.